Sujet: 1 pas en avant, 3 en arrière. (ft Anas Müler) Lun 7 Nov - 0:34
"1 pas en avant, 3 en arrière."
Il avait passé une bonne heure, ou deux à discipliner ses mèches rebelles, hirsutes, à coup de gel pour enlever l’étiquette de branleur qui lui collait au visage; ses vêtements de sport, ses jeans troués avaient été troqués contre une chemise blanche, une cravate qui l’étranglait et un pantalon noir.
Il n’aurait pas dû. Ash n’aurait pas dû se laisser berner par son éducateur. « Oh Ismaïl, un entretient pour un stage dans une entreprise t’aidera à t’insérer dans la vie active. Tu vas connaître les responsabilités, le respect. Je fais ça pour toi sérieusement. T’es pas trop con, non ? Tu mérites de t’en sortir. » Des mots et des mots choisis avec attention s’enfuyaient de la bouche de ce fonctionnaire, son sourire chaleureux, son regard plein d’empathie et ses arguments dans le registre du pathos avaient influencé Ash. On lui avait soufflé quelques mots doux, des belles paroles pleines d’espoir et il avait passé sa matinée devant son miroir à peaufiner son image, sa parole, son sourire. Sauf que Ash n’était pas à l’aise, pas du tout. C’était toujours un pommé, déguisé en mec qui essaye de s’en sortir.
Les bras de sa montre annonçaient 14 heures 30, il avait rendez-vous dans exactement une heure, dans le centre-ville. Et si ça ne marchait pas ? Et si il était destiné à errer dans la ville jusqu’au restant de ses jours ? Et si… ?
Son coeur battait la chamade alors qu’il se trouvait dans le bus presque vide. Ses mains tremblaient, son esprit était brouillé, l’air devenait bien vite insupportable, irrespirable. Non, il ne pouvait changer du jour au lendemain, Ash ne pouvait se voir devenir responsable. Tout ceci devenait trop sérieux et ce n’était pas lui.
En un quart de seconde, il renonça. Il renonça à ce fichu stage et descendit du bus bien avant d’arriver à sa destination. Traînant ses jambes pour s’asseoir à l’arrêt de bus en face de lui qui allait l’amener au foyer, il avait bien besoin d’enlever tout cet accoutrement. Le brun tira sur sa cravate, libérant son cou et glissa une cigarette entre ses lèvres faisant abstraction des personnes qui marchaient avec un pas pressé sur le bitume.
« J’suis vraiment con. » souffla-t-il dans un murmure intime.