le chaton et la danseuse. (kitty)

kitty & bonnie

le chaton et la danseuse.

Comme au restaurant, lorsque le cuistot n’est pas là parce qu’il a pris sa journée pour s’occuper de ses gamins ou parce qu’il est tout simplement partit en fureur parce que quelque chose ne lui a pas plu lorsque le patron lui parlé, Bonnie elle cuisine. Elle cuisine plutôt bien pour quelqu’un qui n’est pas professionnelle, qui n’a jamais eu de leçon, à qui on a jamais appris à cuisiner, parce que c’est les mères qui s’en occupent généralement, de ça, mais la Bonnie elle en a plus depuis longtemps, si longtemps qu’elle en oublierait presque son visage, et elle a jamais eu personne pour lui enseigner cet art si délicat, et pourtant, elle excelle là-dedans. C’est bien la seule chose pour laquelle elle est douée la brunette, parce qu’à part danser elle savait pas faire grand-chose, et elle ne peut plus danser alors il faut bien trouver quelque chose d’autre, et être serveuse dans le restaurant du coin, à l’angle de la rue, le vieux restaurant qui menace de fermer, ce n’est pas son rêve. Elle rêvait de gloire et de scène et d’un public qui scande son nom la Bonnie, et maintenant ces cris se sont tût, remplacés par le silence effrayant de l’horloge qui tourne, lentement et lentement.
Elle a mis ses écouteurs la Bonnie, parce qu’elle ne peut rien faire sans musique, parce que la musique ça l’encourage à faire certaines choses, c’est un peu comme une drogue la musique, mais au moins, ça, ça ne peut pas la tuer, contrairement aux substances que les autres prennent, qu’ils prenaient à l’ancien foyer, que certains continuent à prendre ici sans que personne ne fasse rien pour les arrêter. Elle se fait une salade Bonnie, une salade composée, comme elle a toujours l’habitude d’en manger. C’était son régime de danseuse avant, pour ne pas être trop lourde en dansant, elle disait sa mère, pour pouvoir danser en toute légèreté, il disait son père. Elle a pas arrêté son régime de danseuse la Hammer, c’est comme une habitude qui la rattache à un passé disparu, à un passé qu’elle voudrait retrouver, et ce sont les petites choses comme ça, les petites habitudes, les petits détails, qui lui donnent l’illusion qu’elle est toujours dans sa grande maison, entourée de ses frères, entourée de ses parents, et elle continue de danser.
Elle est absorbée par son travail la Bonnie, parce qu’elle est comme ça, une fois qu’elle doit s’occuper de quelque chose, elle va être entièrement dedans, elle va pas se rendre compte de ce qu’il se passe autour d’elle, complètement enfermée dans sa tâche. Elle coupe les tomates, elle les mets dans le plat, et puis elle rajoute quelques tranches de jambon, et pourquoi pas un peu d’avocat pour égayer le tout. C’est pas une cuisinière Bonnie, mais elle se débrouille pas mal en cuisine, tout compte fait.