leni jolie
leni malpolie
leni salie par la vie.
leni malpolie
leni salie par la vie.
elle regarde l'aquarium dans le bureau. elle souhaite aux poissons de se noyer, parce que la vie est trop triste à tourner entre quatre murs de verre. elle se dit que ces cons n'ont jamais vu l'océan, comme elle. elle rêve de boire la tasse, de flotter dans l'eau salée. une vague, quel effet ça fait ?
la directrice l'interpelle par son nom, la ramène à la réalité. berlin, les murs gris, et l'eau chlorée des fontaines. « leni, on ne peux plus te garder ici. ton éducatrice à des contacts avec un foyer de réinsertion à francfort, pour les jeunes comme toi. elle t'a trouvé une place. » leni ouvre des yeux tous ronds. elle se lève, frappe des poings sur le bureau. « mais qu'est ce que je vais aller faire à francfort merde, que je déambule la mort dans l'âme ici ou là bas, qu'est ce que ça change ? foyer de réinsertion, j'ai jamais été insérer, qu'est ce que vous voulez me réinsérer ? » leni elle flippe, les rues de francfort elle connait pas, elle veut jamais connaitre. elle tout ce qu'elle sait c'est berlin. c'est les gamins du foyer de la Protection de la Jeunesse, ou un autre nom de merde comme ça, à l'acronyme qui claque. c'est ça sa vie à elle, sa vie grise et morne qui fait palpiter son coeur. y'a rien de plus beau que le gris de berlin les jours de pluie. la directrice gueule plus fort que leni, lui soutient qu'elle n'a pas le choix. demain c'est le grand départ. mais leni s'est barré dans la nuit.
► LES CLUBS DE BERLIN
leni se laisse bercée par les vagues de foule. ses pensées s'élèvent, elle a les yeux qui brillent, la mâchoire qui serre. elle veut courir mille kilomètre en hurlant son bonheur. ses jambes sautent d'un pied sur l'autre. elle ferme les yeux, profite de la montée. leni danse, leni crie, leni déconne avec les gars d'a côté. l'un d'eux glisse son souffle chaud à son oreille. « t'as pas un truc ? » leni hoche la tête pour acquiescer, sors de son soutif un pochon édulcoré. elle frotte son pouce et son index pour signifier l'argent. il lui tend un billet, brave garçon. leni lui file son truc. ils finiront la soirée ensemble chez lui à regarder south park en fumant comme des pompiers. bien trop défoncée la gamine, au petit matin elle s'inventera une vie, des études en économie, et prétextera un repas de famille pour déguerpir. comme d'hab'
le clic de la canette de bière. leni a arrêté sa course prêt de artus, un char-clo de berlin qu'elle croise souvent. il pue moins la gniole que les autres, et il a encore toutes ses dent. en plus son chien est sympa. « j'hésite. y'a francfort là bas qui m'attend. ça fait six mois que j'traine sur le bitume de berlin et j'vois rien que du gris. j'mens tous les matins à des gens différents, quand j'les recroise dans la rue et qu'il me demande comment était le mariage de ma soeur je panique. » elle porte la cancéreuse à ses lèvres. ils regardent la ville de nuit qui s'agite, assis sur les escaliers de l'opéra. « tentes ta chance gamine, sinon tu finiras par t'acheter un clébar et boire de la piquette. c'pas une vie, crois moi que si j'avais pu j'aurais fait autrement. mais j'ai perdu la force tu vois. toi tu l'as encore la môme, t'es une battante, t'en a vu d'autre. » ils partagent une 8.6 comme deux vieux copains. elle hausse ses épaules. artus remercie le gars qui vient de mettre deux euros dans sa casquette. « j'ai quinze roupies, va donc nous chercher un mac do. »
salut les branle-couilles, c'est marie. gloire à moi. jvsm mais vous m'avez pas manqué j'avoue |