23 juillet; 20 heures 35.
« T’es qu’un petit con »
Habituellement, quand elle le disait c’était sans grande conséquence. Une phrase, une insulte commune, devenu presque un signe d’affection. Sauf que ce soir là, c’était différent. Sa mère avait jeté ses affaires en bas de l’escalier, il avait fait la connerie de trop. Après tout, c’est vrai qu’Ash était insupportable sur les bords, insolant, nonchalant, vulgaire et agressif.
« Tu m’jettes pour te faire sauter par ton mec après ? C’est ça ? Pitoyable. » Cracha-t-il en récupérant deux sacs de sports qui avaient été jetés négligemment sur le parquet. Il avait envie de pleurer, mais il ne faisait pas, il ne comptait pas le faire. Tandis que sa mère elle, avait d’énorme larmes salées, teintées de mascara qui déferlaient le long de ses joues, un peu rougies et chaudes. Il avait l’habitude la voir ainsi, triste, désemparée depuis que le père d’Ash les avait quittés. Elle avait bien retrouvé le sourire auprès de son nouveau mec, qui pensait pouvoir panser ses plaies et faire du jeune homme son fils. Non, rien n’est jamais aussi simple.
« Ismaïl, ne me parle pas comme ça, merde ! » Elle leva la main sur son fils, ses petits poings s’écrasant avec rage contre le torse du métis. Il lui dégagea les bras avec force, la poussa; avec un peu trop de force, tellement de force que sa génitrice perdit l'équilibre et tomba sur le sol.
Sans un mot, choqué, perturbé par ses propres gestes envers sa mère, il récupéra ses affaires qui regroupaient le peu de ses vêtements et claqua la porte derrière lui.
1 septembre, 4 heures 06.
L’Été était terminé. Désillusion, il fallait mettre un terme aux soirées qui consistaient à boire, à se défoncer le cerveau sous des nuits chaudes et courtes. Retour à la réalité, du moins pour son entourage. Il avait soudain cessé de dormir chez son pote depuis que le père de celui-ci l’avait traité de « déchet; de putain de nuisible ». Il était désormais seul, trimballant ses sacs dans les métros tel un nomade, de l’herbe dans les poches destinées à être consommées ou à être vendue.
La plupart de ses amis reprenaient bientôt les cours à l’université, pas Ash. Il n’était pas idiot pour autant, mais il détenait une relation plus que tumultueuse avec l’école, avec l’éducation, avec l’ordre.
Assit sur les bancs d’un quais de métro, accompagné de SDF, de drogués et d’alcooliques. Ash arborait des cernes pourpres, des yeux rouges et vitreux.
« A quel moment ma vie a-t-elle dérapée ? » se demanda-t-il en passant sa main sur son visage.
Après tout c’est vrai, s’il avait été plus sérieux, il aurait pû être diplômé, riche et n’aurait pas à vendre sa substance pour s’acheter des vêtements de marque. Et sa mère, oui sa mère, elle aurait été fière d'avoir un fils éduqué, calme, rentrant dans les bonnes moeurs de la société. Une drôle de sensation se fit sentir dans le fond de son estomac, une forte tristesse enfouie, un ras-le-bol qui se traduisit par quelques larmes qui perlaient sur le bords de ses yeux. Il les essuya du dos de sa main, rapidement et baissa la tête. Il n'aimait pas pleurer, il n'aimait pas être faible, mais il ne pouvait rien y faire; il était véritablement faible.
j'aime bcp dormir, le rap et le rnb (kehlani <33). |