overdose
rosa a fait une overdose. juste comme ça, un beau matin. pas de drogues ou d'alcools forts, rien de tout ça, tu le sais bien. mais ses yeux ont tout vu. ses yeux ont bien trop vu. elle a marché, les pieds nus, la peau salie, dans les chemins terreux et secs, le sang aux ongles. elle s'est brûlée dans les déserts arides, la peau cloquée par la chaleur, les muscles hurlant à la douleur. elle a traversé les ruisseaux tièdes, parcouru les forêts et les villes inconnues. elle a réalisé tellement de rêves, tu sais. elle a fait tellement de chose qu'elle en a oublié les raisons. son cœur est mort, son cœur est tombé en chemin. sûrement perdu entre les ruines d'un château, tombé du haut d'une falaise, ou crevé par la roche des montagnes. elle est partie dans le but de se trouver, puis s'est finalement perdue sur la route. chaque repère, chaque souvenir d'avant a coulé au travers de l'eau des rivières pour s'enfuir, au gré des vagues et de l'écume. son passé a rejoint d'autres rives, et ses rêves sont morts, asphyxiés. son souffle l'a quittée, il a valsé avec les vents mauvais, il a embrassé les lisières des forêts, les champs de blé en plein été et puis les flocons glacés. et elle, elle est rentrée fouler les sols qu'elle avait oubliés. elle a revu les visages, qui ne lui faisaient plus aucun effet. un vide dans la cage thoracique, celui de n'avoir rien trouvé mais d'avoir tout perdu. elle regardait les siens, et puis n'y voyait que du rien. des inconnus, peut-être déjà aperçus ? il n'y a rien de plus vrai que l'endroit où on est né, qu'ils disent. mais lorsque l'on a vu les maisons de terre et les enfants aux rires qui dansent encore aujourd'hui entre ces millions de mondes et de galaxies, quand on a vu la nature reprendre ses droits sur les hommes, vicieuse. quand on a vu les torrents tueurs, goûté des épices dont on n'aurait jamais soupçonné l'existence et entendu des langues magnifiques à ne pas comprendre. quand on a vu tout ça, que pense-t-on des buildings, horribles et vaniteux ? que pense-t-on des foules qui crachent, hurlantes et transpirantes, et puis des enfants capricieux ? que pense-t-on des arbres aux odeurs de plastique, des sols crades et des visages si pâles ? on pense se trouver dans le terrible mensonge, plus immense encore que tous ceux que l'on ait jamais racontés. dans des lieux où même la vérité est plastifiée, et la beauté superficielle et maigre. elle a alors essayé de repeindre le monde comme dans ses souvenirs, aux odeurs de fleurs et de soleil. aux mille couleurs et aux visages enchanteurs, aux rires magnifiques et puis aux yeux foncés. aux joues sales et aux ongles poussiéreux. sans jamais n'obtenir que des larmes salées sur ses joues rougies. quand elle a voulu repartir, elle n'a pu arriver qu'au milieu de la rue, en face d'un mur gris. elle a dû s'y appuyer pour ne pas voir les hautes tours lui tomber sur la tête et puis la lune se briser. elle s'est arrêtée, comme une femme sénile au tout bout de sa vie, et elle a arrêté d'exister. elle n'a pas respiré, quand elle a décidé de partir de berlin la grande, sans valises si souvenirs, sans dire au revoir à ses parents. elle n'a pas respiré, la tempe contre la vitre d'un taxi. elle n'a plus jamais respiré, depuis. sans cœur et sans respiration, des souvenirs plein la tête, qui bientôt peut-être ne deviendront plus que des histoires risibles et dérisoires.
adèle, jeune pousse, apprentie jedi, mousquepute à plein temps, la troisième est mienne, ta queen, bien à toi. (l'icône est de mousquepute tusaiski, n'est-ce pas) |