elle oublie souvent d'où elle vient, et qui l'a élevée. elle oublie souvent l'papier peint déchiré, les fleurs toutes cassées aux pétales arrachés. elle oublie les déjeuners en face de la fenêtre, ces moments où elle était spectatrice d'une vie de misère, de fantômes vêtus d'un tissu râpeux sali par la poussière. elle oublie les ombres translucides, les visages livides. les épaules secouées par la fatigue, la douleur d'une vie passée dans un carton, près des murs moqueurs.
oubli infâme, comme un ver répugnant dévoreur d'entrailles. comme un long poison, qui part de la tête pour infecter le cœur en dansant dans le sang. on s'plaît à oublier, lorsque l'on a vécu comme l'invisibilité, quand on a marché vite et la tête baissée, quand on a eu une enfance fracassée par les hommes aux mains sales des rues d'la capital. quand on est enfant à manama, on dessine à la craie des châteaux, des festins et des pères rois pour nous aimer, ce que les nôtres ne faisaient pas. on recrache l'indifférence à laquelle on a droit, chaque jour, sur le bitume crade. la salive en est amère, aussi amère que ses bières, les bières de papa. les souvenirs sont affreux, et nous heurtent autant que les bagues de papa. quand on grandit à manama, oui, on veut par dessus tout oublier son papa.
après l'appartement précaire et le présent amer, y'a eu la rue et les masques fissurés tueurs de qui on est. y'a eu les garçons que l'on aime pendant un temps, avant de les lâcher s'ils ne l'font pas avant. y'a eu les alcools forts qui dansent dans les veines, le temps d'un énième mensonge à saveur de l'oubli, juste le temps d'une nuit. y'a eu son corps vendu, y'a eu son âme sans but qui erre dans les rues et écrase les cœurs du tout bout d'son talon.
y'a eu ali, ce gars tout gris aux yeux plus noirs que la nuit. y'a eu ali, à la peau froide, blafarde. à l'humanité envolée, à la compassion jamais possédée. y'a eu ses coups et ses mots durs, y'a eu l'amour qu'elle lui portait. pis y'a eu em et ses mensonges, em tout seul, cherchant une meute de loups pour mieux s'faire dévorer. y'a eu em qu'elle a dit aimer, em qu'elle a consolé, em à qui elle a murmuré des promesses édulcorées. y'a eu em, qui l'aimait (et em qui l'aime encore, même le cœur mort, mais sous un ciel d'acier), et pis surtout, y'a eu souha qui l'a détruit pierre par pierre, faute d'avoir su l'aimer.
oubli infâme, comme un ver répugnant dévoreur d'entrailles. comme un long poison, qui part de la tête pour infecter le cœur en dansant dans le sang. on s'plaît à oublier, lorsque l'on a vécu comme l'invisibilité, quand on a marché vite et la tête baissée, quand on a eu une enfance fracassée par les hommes aux mains sales des rues d'la capital. quand on est enfant à manama, on dessine à la craie des châteaux, des festins et des pères rois pour nous aimer, ce que les nôtres ne faisaient pas. on recrache l'indifférence à laquelle on a droit, chaque jour, sur le bitume crade. la salive en est amère, aussi amère que ses bières, les bières de papa. les souvenirs sont affreux, et nous heurtent autant que les bagues de papa. quand on grandit à manama, oui, on veut par dessus tout oublier son papa.
après l'appartement précaire et le présent amer, y'a eu la rue et les masques fissurés tueurs de qui on est. y'a eu les garçons que l'on aime pendant un temps, avant de les lâcher s'ils ne l'font pas avant. y'a eu les alcools forts qui dansent dans les veines, le temps d'un énième mensonge à saveur de l'oubli, juste le temps d'une nuit. y'a eu son corps vendu, y'a eu son âme sans but qui erre dans les rues et écrase les cœurs du tout bout d'son talon.
y'a eu ali, ce gars tout gris aux yeux plus noirs que la nuit. y'a eu ali, à la peau froide, blafarde. à l'humanité envolée, à la compassion jamais possédée. y'a eu ses coups et ses mots durs, y'a eu l'amour qu'elle lui portait. pis y'a eu em et ses mensonges, em tout seul, cherchant une meute de loups pour mieux s'faire dévorer. y'a eu em qu'elle a dit aimer, em qu'elle a consolé, em à qui elle a murmuré des promesses édulcorées. y'a eu em, qui l'aimait (et em qui l'aime encore, même le cœur mort, mais sous un ciel d'acier), et pis surtout, y'a eu souha qui l'a détruit pierre par pierre, faute d'avoir su l'aimer.
ici c'est ton moment gloire, à toi, celui/celle qui se cache derrière le personnage. utilise le peu de ligne qu'il y a pour nous parler de qui tu es, ce que tu fais, où tu vis, ce que tu manges ce soir etc. |