des possédés.

nom / papa, ô papa, connard du printemps, le gars à la peau sombre, sa queue d'étalon entre les jambes pour séduire maman. salopard, héritage d'un nom, tradition millénaire. il s'en fout. de toute, mais surtout de ça. son père, c'est le nom sur les papiers, le gars qui le regarde de ses yeux sombres derrière les barreaux. c'est le khöler, la haine dans ses poings, les battements frénétique de son coeur ensanglanté. prénom / plus de prénom, rayé, oublié, jeté au feu. soir d'hiver, dans la neige, il le pisse à deux mains, la nouvelle identité, le surnom. jag, la chasse, le sauvage, ses cheveux trop longs et son regard en vrac. jag, déchiqueter, brûler, tuer, dévorer. loup sauvage, loup dans les bois. c'est tout ce qu'il est, tout ce qu'il vaut. âge / le tic tac de l'horloge, la violence du temps, la rage de vivre, la rage de survivre. vingt trois, presque le quart de siècle à se battre pour demain, à souffrir pour hier, à regretter pour l'instant présent. ses poings qui frappent les secondes, le sang qui tombe dans un plic et un ploc moqueur, ironique. plic, tic, ploc, tac. le temps passe, la vie va. le fils sourit. date de naissance / faisait chaud, c'était l'été. le quatorze juin, débarqué trois semaines à l'avance, le petit corps, les yeux sombres. pressé de commencer le combat, de rire au nez des enfoirés, des blondinets, des gens qui tapotent sa tête avec pitié. qu'ils aillent se faire foutre. lieu de naissance / le pieu de sa mère, chambre miteuse. sa soeur à son chevet, les parents absents, le secret. un hôtel banal, un motel qui est devenu chez elle. du sang partout, le cordon coupé avec un couteau. le bébé emballé, déposé devant un orphelinat. francfort, la ville qui a vu ses premières heures depuis le ciel étoilé, dans la chaleur d'un été. un soir parfait pour abandonner le gamin sur des marches. quel cliché. signe astrologique / séparés à la naissance, il en avait peut-être un. un frère, un twin. il est du signe des gémeaux, horoscope bidon qui lui promet la fortune avec des sourires trop doux, des mots trop suaves. il y croit pas, y a rien à croire. les étoiles parlent pas, elles contemplent le peuple avec leurs yeux de biches et leurs hanches qui balancent, doigts en l'air et rires de salopes. origine(s) / sa gueule peut pas mentir, y a probablement de l'afrique dans son sang, de près ou de loin. son père est né sur le continent, mais il a la peau sombre des sauvages, des esclaves d'une autre époque. noir comme la nuit, les dents si blanches qu'elles brûlent. mais sa mère est pâle comme une aspirine, elle doit venir de l'allemagne, contrée pas si lointaine au final. étude(s)/emploi(s) / y a les femmes en soubrettes, qui aguichent en jupettes, qui se font violer par les millionnaires dans les chambres d'hôtels. puis y a lui, avec un bleu de travail, qui prend son balais et ses torchons, qui fait le ménage dans les bâtiments de la ville pour un salaire de misère. travail de nuit, les clés qui cliquettent dans sa poche. la vie de star. situation civile / le coeur violent, le coeur amer, le coeur à la mer, c'est un sauvage, un pirate, un incapable. il baise, il aime pas. il mord, il embrasse pas. il viole les lèvres, marque les peaux, fait trembler les jambes et se sert. buffet pas cher à volonté. il aime la douleur dans les yeux, les regards perdus et les mains qui s'accrochent pour l'assaut final. c'est un célidangereux, le gars qui accepte pas les non et fait peur aux filles comme il faut. situation familiale / sa mère c'était une pute. une peau pâle, des yeux trop grands, une bouche trop pleine. elle s'est faite avoir, jambes ouvertes, culottes en bas. la police a pas cru au viol ; c'est une pute, elle demande que ça. pourtant, c'est l'animal qui l'a eu, le père, aussi sombre que la nuit, qui lui a ravit sa vie. il est en taule, pour autre chose. il paie même pas pour sa mère, il paie pour un vol à la con. mais il est derrière des barreaux, enfermé comme le père qu'il est sensé être. jag les connait, il les a vu tout les deux. il a craché à la gueule de son paternel et lancé des billets à sa mère. il a pas de parents. il a qu'une famille, celle qu'il s'est crée, celle qu'il a choisit. les liens de la vie plus fort que les liens du sang. lien avec le foyer / le foyer, c'est un peu la maison, c'est un peu le squat. un peu le goulag et un peu le paradis. y a des trucs bons, y a des trucs pourris, y a des trucs biens et des trucs moins biens. il s'en branle un peu, c'est un lieu comme un autre. mais c'est une endroit où rentrer, des potes à retrouver, des vies à mêler. il a connu l'orphelinat, la rue, les placards, les matelas crasseux et la violence des cartons. alors c'est plutôt cool, y a un lit, de quoi manger. une chance de sortir des sables mouvants. mais faut pas se leurrer ; c'est qu'un arrêt sur la voie. réputation au foyer / la peau sombre, les dread, les poings qui saignent, le regard brûlant. le genre de regard qui attire les cinglées, qui font se battre les gamins, qui lui attirent toujours trop de problèmes. c'est le gosse à problèmes, celui qui rentre dans la pièce et qui s'attire direct les soupirs, les grognements. celui qui est toujours dans les bagarres, celui qui s'assied les jambes dans le vide comme sur un transat. celui qu'il vaut mieux pas le croiser dans sa période de rut. celui qui est toujours là pour sortir une bière et raconter la journée. celui qui est un bon pote, quand il fout pas le poing dans la gueule ou la queue dans le minou. un gars social. parfois. un peu. qu'est-ce que tu penses du destin ? / le destin, l'avenir. ça fait partie de l'avenir. il pense pas que tout est écrit, sinon l'auteur est vraiment un enfoiré. il pense pas que tout est gravé dans la pierre et que, quoiqu'il se passe, le chemin est tracé sous nos pieds. il pense à la merde, il sait que la vie à un jeu à donner à chacun, que le monde peut s'écrouler, qu'il faut se battre. l'avenir existe, y aura demain et après-demain, et le mois d'après, et les années d'après. mais c'est pas ne connerie de prédiction, c'est un combat de chiens. faut juste décider de quelle race t'es. groupe / trou noir. l'ironie.  

c'est la violence dans le sang, le coeur au bord des lèvres, le corps en lambeaux. la vision qui se trouble, les marques qui se forment. il a mal partout, mais il s'en fout. il se fout de tout. il a les mains bandées, quarante tours de tissu pour pas qu'il sente quand son poing cogne dans l'adversaire. ses joues, son ventre, son torse, il s'en fout de ce qu'il vise, dans qu'il frappe, frappe, frappe.
c'est la violence pure, c'est l'expulsion. c'est faire sortir un démon de son être avec la rage d'un loup blessé. c'est un chasseur qui se tire une balle dans le pied avant de le couper pour faire partir le venin. c'est tout ça, c'est rien. c'est un bourdonnement dans son crâne qui s'apaise qu'à la vue du sang, que quand la douleur l'empêche de respirer, de bouger.
il se fait frapper, il s'en fout. il rend coups pour coups, plus fort, plus vite. c'est une boule de nerfs, un tueur en grognements.
il frappe le menton. maman est une pute, elle se fait tringler dans les ruelles, sa jupe levée sur les hanches, son rouge à lèvres qui coule. elle a un mac qui la saute et la cogne, qui la saute en la cognant. salope. il frappe, n'importe où. papa est en taule, il a tué quelqu'un. l'uniforme orange ressort fort sur sa peau noire, c'est violent les contrastes. il est que contraste. froid, chaud, dur, doux. connard. ses doigts rencontrent les abdos, ça fait mal, il entend un crac sonore. l'orphelinat, la drogue, treize ans quand il se barre, quand il fuit, quand il finit avec des cartons devant les hôpitaux, devant les banques. les gens ont de l'argent, pas lui. fuck. il esquive un coup et fonce, ses bras autour de la taille du gars quand il le force à reculer, frappant de la main gauche. il veut le briser, le casser, le déchirer, le tuer. il se branle, la fille ouvre la bouche. elle est pas belle, ses yeux sont vitreux, elle est droguée. mais elle a des lèvres qui demandent à sucer et elle fait frétiller ses seins. il gicle sur sa joue. et crache sur son ventre avant de remballer. il se taille. il s'en fout. il se pend un coup sur la tête, ça fait mal. il recule, la joue qui saigne, le poignet tordu. fini, bientôt fini. il croise le regard d'une gamine dans l'assemblée. elle a rien à faire là. elle est trop petite, trop innocente pour la violence. il gronde comme un lion. elle a peur, elle cache ses yeux. il en profite pour bondir. la balle l'effleure, ça brûle. elle a fait une grosse ligne, ça fera une cicatrice sur sa hanche. ça fait mal. super mal. le regard dur de l'homme en face est douloureux. tout est douloureux. mais merde. coup de grâce, l'adversaire est au sol. la vie est une pute. comme la mère. pour ça que c'est elle qui l'a lui a donné.
faut se battre.
faut saigner.
faut gagner.

jm'appelle amaryllis, c'est un nom de fleur et d'une femme dans la mythologie grecque. j'ai la vingtaine dans deux semaines, j'vis au pays de la frite mais ça va bientôt changer. je mange des hamburgers et des pâtes, je voue un culte aux pâtes. j'baise le monde et je parle crûment, mais en vrai je mords que si on le demande et en général, c'est agréable. mes persos sont tous des tarés, faut s'y habituer. puis bah. voilà. y a pas grand chose à dire, si ça t'intéresse, viens sur mes genoux, j'te donnerai des bonbons et j'te promet que ce que tu sens, c'est le flingue dans ma poche.