elle est pas montée qu'elle est déjà mouillée
| Sujet: SLEEPLESS Ven 30 Sep - 20:10 | |
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we gon' be alright
nom / redjem, paraît qu'ça vient d'ton père. prénom / emir, le prince, celui qui donne les ordres, qu'ils disent. c'est ça, ouais, ils y ont plus cru dès qu'il a sorti l'nez d'sa mère. on l'appelle em, c'est plus court. âge / vingt-six ans qu'il changes pas, qu'il est toujours au même stade, celui d'l'incompréhension totale du monde qui l'entoure. date de naissance / treize février, ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. il est arrivé, personne l'attendait. lieu de naissance / manama, capitale du bahreïn, 'parce qu'on vient de loin'. signe astrologique / verseau. ils ont pas tord, ces horoscopes à la con, c'est bien un putain d'individualiste, malgré son p'tit cœur qui bat. origine(s) / l'père vient du qatar, la mère est autrichienne, beau mélange. étude(s)/emploi(s) / cuisto au foyer, il a été embauché y'a à peu près quatre mois. il s'en sort pas mal. situation civile / il arrive à oublier, p'tit à p'tit, celle qui pourrissait ses pensées, qui salissait son corps. souha, qu'elle s'appelait. situation familiale / l'père, il a du l'voir quelques heures à peine durant les années où il vivait chez sa mère, dans la banlieu de manama. il venait, il repartait, personne savait réellement c'qu'il foutait. la mère, elle a tenté d'être là, d'sourire, d'le nourrir, jusqu'à s'en détruire. elle a pas supporté la piaule de merde, le fric qui rentrait plus, alors elle s'est laissée crever. em avait seize ans. lien avec le foyer / un pouilleux pareil devait forcément mal tourner. em, il a pas contré la règle, et à à peine seize piges, il déambulait dans les rues sombres de la banlieue. il a fini par tomber sur un groupe de mecs pas nets, mais il avait pas choix, c'était soit les suivre, soit clamser. c'est pas un violent, em, c'est juste un suiveur, un naïf, qui a du s'forger avec des idées et des personnes qui lui plaisaient pas. souha s'est ramenée au groupe. au début, il comprenait pas c'qu'une gonzesse venait foutre là. il l'aimait bien, c'était la copine du chef de gang, du genre à l'suivre jusqu'à la mort, mais elle a finit par voir en em, à le lire, le comprendre. elle le forgeait, le forçait à croire, croire au groupe, continuer dans la voie de la destruction. il s'est plié, s'est soumis à la bande, à elle, a tout intériorisé, s'est mis à croire leurs idéologies, jusqu'à s'planter et réaliser. avec le temps, le cerveau retourné, il a fini contrebandier, toujours avec le même gang, il trafiquait des armes, en compagnie de deux autres types, qu'il pensait ses frères, en réalité, ils l'ont laissé tomber parce qu'il était plus utile, askip. alors em, il s'est fait chopper, prendre par les keuf, il a fait d'la prison, le con. cinq ans dans la gueule, sa peine a été tout d'même réduite à trois ans. il est sorti, encore plus en bordel, il avait vingt-cinq piges. pauvre gars, perdu dans la ville, il s'devait d'tout recommencer. alors il a décidé d'aller en allemagne, là d'où sa mère, la seule qui était honnête avec lui, venait. histoire de découvrir, de s'rapprocher un peu d'ses origines, de s'éloigner de souha, aussi, même si il a aucune idée d'où elle peut bien être actuellement. c'est là qu'il a débarqué, qu'il a intégré le foyer. réputation au foyer / il passe pour le mec tranquille, sans embrouille. il s'fait discret, tente au max de pas parler d'son passé qui l'fout mal, au fond. qu'est-ce que tu penses du destin ? / ça existe pas, c'est que d'la merde, il est pas bon, l'destin, pas bon si t'es pas vaillant. groupe / soleil. - détenu numéro 23685. veuillez me suivre. cinq chiffres, qui résonnent et tournoient sans cesse au creux des méninges, des rouages d'un cerveau déraillé. les prénoms, ils existent pas, là-bas. t'as plus d'identité, même ton nom il a pas sa place, on vient l'prononcer quatre-cinq fois, tout au plus. généralement, c'est pas bon signe. ce numéro, ce masque qu'on lui a donné, n'a jamais eu de consonance aussi libératrice. emir s'avance, ne sourit que de l'intérieur. son visage reste neutre, comme figé par le temps. maigre jouissance de ce dernier instant dans cet enfer qui lui sert de baraque depuis maintenant trois ans jour pour jour. cette prison l'a sauvé autant qu'elle l'a détruit. elle lui a permit d'réaliser, d'se tester, s'forger, s'battre, avec les autres, avec lui-même. au fond, il s'l'avouera jamais, mais il en a apprit, le con. du bon, comme du mauvais. il est plus méfiant, plus craintif, aussi. et toujours et encore, plus solitaire, comme il l'a toujours été. c'est la vie, le passé qui le lui a ordonné. mais les autres, la bande, elle lui a dit que c'était pas comme ça qu'il fallait faire. deux idées contraires, deux contrastes, et em, au milieu, gosse paumé, qui a fait le choix de suivre. il aurait pas du, il le sait, mais serait-il encore vivant s'il avait choisi de les planter ? pas si sûr. au final, c'qu'il a gagné, c'est la taule. il s'dit qu'c'est pas si pire, qu'au moins, il a pu dévier sa route de celle de la bande, mais il est quand même content d'sortir d'cette prison. elle est pas saine, elle est pas calme. elle est pas comme décrite par les ignorants, elle est pire. elle est plus que ce qu'on peut imaginer. mais il a eu le temps de penser. il a prit le temps, l'a tourné à son avantage, c'est c'qu'il faut faire pour survivre ici. compter les jours, compter les nuits. penser, sans trop regretter, sinon c'est la perte assurée. plusieurs fois, em se mettait à penser à souha. les premiers mois, il s'la sortait pas d'la tête, c'vulgaire parasite, à croire que même étant pas là, elle restait comme ombre au creux des bras. il a finit par relativiser, même si, encore aujourd'hui, son souvenir vient encore trop souvent l'effleurer. le gardien lui agrippe l'avant-bras, em le suit, s'laisse faire, sans rien prononcer. il a pas l'droit, il veut s'casser, alors il la ferme. la simple vision des rayons chaud et lumineux d'une fin d'après-midi de septembre lui arrache une sourire qui se distingue à peine. il est libre, putain. emir redjem, détenu numéro 23685, individu discret et mystérieux, sans grande culpabilité, est finalement libre. libre de tout recommencer. | chloé, clunnis pour les intimes, balaclava pour les coincés du zob mdr, j'suis une blg aux courbes chaloupées, blonde platine de dix-sept ans, à la recherche active et drue de l'amour véritable, contactez si intéressée (oui, adèle, ée, j'm'assume, t'es fière) |
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