la vicissitude de l'existence
avant toute chose, il faut mentionner que pour moi, un père, ça n'existe pas. je n'ai jamais eu d'autorité masculine au cours de mon enfance. ç'aurait peut-être été une bonne chose. ou pas. qui sait?
cinq
à cinq ans, je me questionnais déjà. maintes interrogations idiotes survolaient mes arrières pensées. à cinq ans, j'ai demandé à ma mère : '' maman, c'est quoi mourir? '' sous le regard stupéfait de celle-ci, mes yeux s'illuminèrent, comme le font ceux des enfants confrontés à une montagne de sucreries. j'attendais impatiemment sa réponse, me balançant sur la pointe des pieds. puis, après de longues minutes de réflexion, ma mère entrouvrit sa bouche, les mots sur le bout de sa langue, sur la bordure de ses lèvres gercées par la cigarette, par le temps froid de pologne. elle était prête à délivrer sa définition de la mort, et je ne pouvais presque plus contenir mon excitation. mais a mon grand désarroi, elle libéra ses mots balafrés, m'expliquant que j'étais trop jeune et qu'à mon âge, un mioche comme moi n'avait pas à se demander ce genre de choses, manquant alors de jugement pour comprendre. puis elle tourna la tête et se remis à boire. elle vida sa bouteille, sa fontaine de jouvence, son eau de vie. j'étais dégoûté, je me sentais trahi, désabusé. je cessai immédiatement de me balancer, je baissai les épaules et je me mis à pleurer. je ne voulais pas être un mioche. je me sentais comme un être tellement plus haut, plein de capacités intellectuelles démontrant ma subtilité et ma lucidité. je ne voulais pas accepter son insulte humiliante, honteuse et scandaleuse. non, je m'y opposait avec force. moi? dénudé d'esprit ? je n'avais que cinq ans, certes, mais j'étais prêt a nourrir mon cerveau de connaissances. malheureusement, ma mère, elle, ne l'était pas.
quinze
quinze ans, l'âge où l'on explore différentes façades de l'être. de mon côté, ce fut la première année où j'ai goûté, pour la première fois et non la dernière, à la mort. à cet âge, je connaissais depuis longtemps la définition de la mort. je connaissais sa brutalité, sa férocité et sa noirceur dans les moindres détails; j'avais assisté à plusieurs enterrements. mais ce fut la première fois que je l'eu en moi. je m'explique, pour démêler la confusion. à quinze ans, j'avais un ami. un seul. nous étions inséparables, personne ne pouvait contester ce fait. un jour, froid et sombre, nous parlions de choses diverses, assis sur un banc, tout au haut d'une colline. la vue était magnifique; le soleil se couchait au loin, caressant la cime des arbres avec sa couleur doré. les petites maisons se suivaient en rang d'oignon. nous étions les dieux, perchés sur le monde. c'était un moment inoubliable. il tourna la tête vers moi, m'observa pendant quelques secondes. il avait de larges yeux bleu clair. la couleur de la mer, au sud de la terre. après quelques instants, il glissa la main dans sa poche et en sortit une petite boite cartonnée. je reconnu instantanément la marque de cigarettes préférée de maman. j'étais confus. je ne comprenais pas ce qu'il faisait. il en sortit une de la boite, et la glissa entre ses lèvres. ses lèvres avaient l'air douces. elles étaient pulpeuses, toujours humides. j'eu une crainte soudaine; et si la cigarette déformait son beau visage? ses belles lèvres juvéniles? et si elles devenaient semblables à celles de ma mère? laides et crades, comme un pruneau? puis il alluma une allumette, et alluma la cigarette. je vis sa poitrine mince se gonfler, ses joues pâles se creuser, puis de sa main squelettique, il coupa tout contact entre sa bouche et la mort. une fumée blanche et opaque fut libérée dans l'atmosphère. il posa ses yeux de mer sur mes yeux de terre, et il me donna un sourire doux, paisible et amoureux. il répéta la procédure deux autres fois. la troisième fois, il garda le brouillard en lui, me tendit ses lèvres et m'embrassa, sous mon plus grand étonnement. en quelques secondes, il me donna la mort. ma gorge picotait légèrement, mes poumons hurlaient de douleur. mon cerveau hurlait de bonheur. il s'éloigna, je fis de même. nous étions en extase, nous étions légers et agréablement étourdis. c'était les effets d'une première cigarette, du goût de la nicotine. c'était bien. trop. je ne le revis plus jamais.
ALLO OKAY. donc moi c'est antoine, j'ai 16 ans, et j'aime bien lire ça fait un bon bout que j'ai pas mis les pieds sur un forum, je dirais un an? mais bon, j'aimais bien. je suis du québec, oui, poutine et tout ça et puis c'est pas mal tout je crois |