chapitre un, moscou. la douce mélodie d'Amazing Grace raisonnait dans toute l'église, baignant la foule dans une très relative sérénité. La fillette était debout au premier rang, entouré de ses deux frères. Son maigre corps habillé d'une robe noire, ses boucles blondes cascadants sur ses frêles épaules. Elle serrait contre sa poitrine son ours en peluche, son visage était vide d'émotion, ses traits tiraillés par la fatigue et encore marqués par les larmes qu'elle avait tant versé depuis le décès de sa mère quelques jours plus tôt. Ses yeux étaient braqués sur le cercueil clos, en bois vernis noir à l'intérieur duquel reposera sa mère pour toujours. Nikola, l'aîné de la fratrie, tendit aux jeunes jumeaux deux roses blanches. Anastasia s'empara délicatement de l'une d'elle, et dans un silence solennelle s'en alla vers le cercueil, elle ouvrait la procession devant ses deux frères. Un regrettable accident avait rendu les trois enfants Strauss, Anastasia, Pietro et Nikola orphelins de mère, ils avaient passé les derniers jours dans un foyer, en attendant qu'on sache quoi faire d'eux. Qu'allaient-ils devenir? Sa main tremblante laissa tomber la rose blanche sur le bois noir, et elle se retourna vers la foule. Ses yeux embués de larmes regardaient la foule de personnes qui se disaient désolés. Son coeur se serra, étaient-ils vraiment désolés? S'ils l'étaient tant, pourquoi aucun d'entre eux n'avaient proposé de les accueillir, les obligeants à vivre dans ce maudit foyer social? Les exposants au risque d'être placé dans des familles différentes? Une vague de colère l'envahit, faisant roulé des perles salées contre ses joues de nacre, qui étaient-ils tous pour se tenir ici? Pour la plus part, elle ne les avait même jamais vu. Et ils osaient répéter qu'ils comprenaient. Elle serra de son petit poing son ours en peluche, si fort que ses ongles pénétrèrent la chaire de sa paume, mais la douleur elle ne la ressentait plus, non ce qui lui faisait réellement mal, c'était le trou béant à la place de son coeur, c'était son estomac qui se tordait sous l'angoisse, c'était ce poids qui l'oppressait toute entière et la faisait se sentir terriblement seul. Alors non, tout ces gens ne comprenaient rien, rien du tout. Des images de l'accident lui revinrent, en fait toute la scène se rejoua devant ses yeux, le camion qui les percute, le corps de sa mère qui s'écrase contre le para-brise, et le trou noir, le froid, la mort. Quelque chose en elle se brisa, elle ne pouvait plus se tenir là devant ces visages qu'elle détestait, pourquoi eux vivaient, et pas sa mère? Sa respiration se fit anarchique et ses larmes se transformèrent en sanglots, elle se mit à courir frénétiquement dans l'allée principale du bâtiment saint et se précipita dehors. Elle avait besoin d'air, toute cette foule, elle avait l'impression de suffoquer à l'intérieur, il fallait qu'elle s'échappe de tout ça. Elle continua de courir, encore, encore et encore, jusqu'à ce que ses jambes ne la soutiennent plus et elle s'effondra au pied d'un arbre. Son corps chétif était recroquevillé autour de son ours qu'elle serrait contre son coeur de toutes ses maigres forces, c'était trop pour ses épaules. Elle ferma ses yeux, et continua de pleurer des minutes durant, elle perdit totalement la notion du temps et resta là vingt minutes, peut-être trente, avant que son frère jumeau ne la retrouve.
chapitre deux, moscou. la fillette aux cheveux blonds cascadants jusqu'en bas de ses reins se tenait devant l'une de ces immenses fenêtres gelées. Sur ses joues ruisselaient de millions de larmes, et sa poitrine de soulevait sous l'effet de nombreux spasmes. Ses joues étaient rougies par ses sanglots, contrastant avec le blanc ordinaire de sa peau de porcelaine. Ses yeux étaient rivés sur l'allée principale, juste en bas, celle qu'empruntait les futurs adoptants quand ils venaient chercher leur futur enfant. C'était le grand jour. Quelqu'un venait la chercher, une famille allemande. Être adopté, c'était le rêve de chacun des enfants qui se trouvaient dans l'orphelinat de moscou, les temps étaient difficiles en russie et l'argent public était utilisé à d'autres fins que celle de nourrir les orphelins, ils n'avaient qu'un repas chaud par jour, et vivaient dans un manoir froid, dont les murs étaient humides et les vitres laissaient passer le mistral glacial et dont les douches ne pouvaient offrir que de l'eau à peine tiède. La vieille bâtisse était tenue par des hommes et des femmes qui détestaient les enfants plus que tout, n'hésitant pas une seconde à les frapper sans véritable raison, et faisant vivre aux orphelins un enfer. Alors pour les enfants, être adopté ça signifiait retrouver un foyer chaud et l'opportunité de manger à sa faim, pourtant le coeur d'Anastasia semblait avoir été réduit en miette. Sa famille ne voulait adopter qu'une fille, ils n'aimaient pas les petits garçons, ils les trouvaient trop turbulent. Alors ils avaient refuser de conserver la fratrie unie, séparant la petite anastasia de son double, de sa moitié. Le départ de Nikola quatre ans après leur arrivée avait déjà été une terrible épreuve pour la fillette, mais là c'était trop lui demander que de vivre à des milliers de kilomètres de son frère. Les lattes du parquets abimés grincèrent derrière elle, mais elle ne tressaillit même pas, son corps tout entier était plongé dans une douloureuse léthargie qui l'empêchait de réagir. Elle avait reconnu sa démarche, celle de Pietro. Elle savait qu'il était là, juste derrière elle, mais elle avait beaucoup trop mal pour dire quoi que ce soit, depuis des jours elle n'avait plus prononcé un mot, plongeant dans un mutisme qui effrayait son frère. Le jeune garçon qui dépassait sa soeur de vingt bons centimètres, se plaça à côté d'elle et glissa ses doigts entre ceux frigorifiés de sa soeur.
chapitre trois, francfort. Son maigre corps tremblait sous les couvertures, sa maigreur était inquiétante mais personne n'y faisait réellement attention, pas même elle. Ses côtes fracturées la faisait souffrir mais elle n'avait pas le droit de s'en plaindre, elle avait mérité tout ces coups, toutes ces marques, toutes ces ecchymoses. Aujourd'hui, c'est son anniversaire, mais personne ne lui a souhaité. Elle n'était même pas certaine que ses tuteurs légaux connaissaient sa date de naissance, et même si c'était le cas rien ne disait qu'ils en avaient quoi que ce soit à faire. Elle aurait aimé souhaiter un joyeux anniversaire à son frère jumeau, mais l'orphelinat en russie avait comme règle de ne pas laisser aux enfants l'opportunité de garder contacte avec leur famille biologique pour soit disant favoriser les liens avec les familles adoptives. Anastasia n'avait pas la moindre idée de ce qu'était devenu son frère, sa moitié. Elle vivait depuis quatre ans avec un trou béant dans la poitrine, on lui avait enlevé un à un chaque membre de sa famille, et elle se retrouvait là plus seule que jamais. Les pas de son père firent grincer les escaliers, un frisson d'horreur lui parcouru l'échine. Généralement quand son père montait à l'étage, c'était pour la frapper. Elle se redressa dans son lit, le visage emprunt de terreur, lorsqu'elle le vit entrer dans la petite pièce, poussant violemment la porte. Sa voix raisonna dans toute la maison. Elle ne savait même pas exactement ce qu'il lui reprochait, mais elle voyait la rage faire briller ses yeux. À mesure qu'il avançait, l'angoisse tétanisait chaque membre de la petite blonde. Il leva alors son épaisse main en l'air, et Anastasia ferma les yeux, sachant que le coup allait lui arriver en pleine figure. Mais il n'en fut rien, au lieu de ça, il empoigna violemment son maigre bras et la souleva, avant de la plaquer avec rage contre le mur. Son visage se tordit d'horreur quand elle comprit, elle essaya de se débattre mais rien n'y faisait, l'homme était bien plus musclé qu'elle, surtout que la petite blonde était à bout de forces, sous-nourrit et affaiblit par la dépression elle était incapable de se défaire de l'emprise de son bourreau. Elle essaya de crier, et des larmes d'angoisses roulèrent sur ses joues. Énervé, l'homme plaqua son épaisse main sur la bouche de la toute jeune femme, et de son autre main il enleva sa ceinture, baissant son pantalon. Il glissa sa main dans le short de sa fille et l'enleva avec force. Anastasia rassembla le peu de forces qui lui restaient pour s'enfuir, mais c'était impossible. D'un mouvement bestial il passa à l'acte, la pénétrant avec force, souillant son âme, arrachant des cris de douleur à son impuissante victime. T'aimes ça, salope, avait-il hurlé dans un allaitement féroce en giflant violemment son visage. La jeune fille pleurait, de peur, de douleur, de honte. Chaque coup de reins était d'une violence telle que la douleur la paralysait, alors elle n'eut d'autre choix que de le laisser faire, jusqu'à son dernier gémissement de plaisir. Elle sentait son souffle lubrique contre la peau de son cou, s'intensifiant à chaque pénétration, toutes plus profondes, plus douloureuses, plus violentes les unes que les autres. Elle le suppliait d'arrêter, l'intimait de cesser, mais la voir crever de douleur le faisait bander. Quand il eu fini, il la laissa tomber par terre, totalement nue, des sanglots secouant son corps recroquevillé. Elle resta inerte plusieurs heures, transit par le froid et le traumatisme. C'était déjà arrivé, très souvent. La première fois avait été la plus douloureuse, elle n'avait que quatorze ans à l'époque, le souvenir de ce soir là était gravé au fer rouge dans sa mémoire. Après plusieurs heures sans réussir à bouger, elle se leva enfin, enfila des habits, attrapa son sac et fourra dedans tout ce qui avait de la valeur pour elle, son porte-feuille, quelques vêtement, un ours en peluche et une brosse à dents. Puis elle décida de fuir. Son coeur battant la chamade, elle sortit de la maison en courant, et elle n'arrêta pas sa course frénétique jusqu'à ce qu'elle ai rejoint le centre. Ses joues étaient inondés de larmes, c'en était trop, ça avait déjà trop duré. Elle ne savait pas où elle allait, ni ce qu'elle allait faire, mais elle devait partir de là. Elle courut jusqu'à perdre haleine, avant de s'effondrer dans un abris-bus. Le froid lui mordait la peau, mais elle était trop éreinté pour essayer de trouver en endroit plus chaud, alors elle s'endormit à même le sol, à bout de force. Elle était bousillé de l'intérieur, bousillé par les au revoir, bousillé par la violence, bousillé par la douleur. Elle était si fragile, on aurait cru une petite fée de cristal, et à l'intérieur tout est pulvérisé, saccagé, brisé. Elle voulait qu'on lui rende ses frères, qu'est-c'est qu'ils étaient devenu? Ça faisait sept putain d'années qu'elle n'avait plus vu son frère aîné, et quatre qu'on l'avait arraché à son frère jumeau. Éreinté par la solitude, par la peur, la douleur, elle aurait aimé ne jamais se réveiller.
moi c'est marie, j'ai vingt-ans depuis quelques jours et.. et puis c'est à peu prêt tout ce que j'ai à dire sur moi.. je suis arrivée ici par hasard et j'ai adoré l'idée du foyer rempli de jeunes un peu désoeuvrés du coup, j'ai craqué! |