son beau-père, il était cool, aah, il avait de l'argent, il faisait des tas de cadeaux. particulièrement à sa mère. des bleus qui devenaient violets puis jaunes dégueu. jamais à noé, c'est vrai. mais quand il la regardait avec cet air lubrique, celui qui la voyait nue, alors elle avait la gerbe. et c'est pour ça qu'elle est partie. partir avant qu'il aille jusqu'au bout...
elle en a connu de toutes sortes. c'était pas exprès. elle voulait pas tomber là-dedans. mais on lui a vendu l'argent facile, à elle qui venait de planter sa famille, sans se retourner. et puis on lui a vendu un logement à l'oeil, si elle donnait cinquante pourcent de ses passes. c'était tellement facile de devenir cette fille là. celle que les hommes regardent avec envie. elle trouvait ça un peu dégueulasse, elle était si jeune et eux si vieux (parfois). mais c'était tellement facile. noé elle était pas faite pour les problèmes. elle sait pas gérer les choses. et là... elle avait le contrôle de tout. c'était beau. elle contrôlait ce qu'ils faisaient d'elle. elle allait jamais là où elle n'avait pas envie. elle ne donnait jamais son vrai prénom.
les autres filles lui ont appris à se maquiller. lui ont appris à avoir les lèvres roses qui donnent envie de les embrasser, les yeux de chats qui font chavirer les coeurs, l'odeur d'une princesse qui reste et qu'on oublie jamais. elles lui ont appris les gestes que les hommes aiment. les faire rêver et les faire revenir, surtout. surtout noé, oublie pas, faut qu'ils reviennent. elle hochait la tête. s'appliquait. ils revenaient toujours. toujours...
épuisée, dans son lit, elle entendit la porte s'entrouvrir, la lumière du couloir. elle ne bougeait pas. quelqu'un se glisse à coté d'elle. noé se retourne doucement. dans la pénombre, elle reconnait oscar. elle sait ce qu'il s'est passé ces dernières vingt-quatre heures. elle a aussi compris que ce serait la dernière fois qu'elle le voyait. elle reconnait ce regard. mais elle refuse. pour une fois, elle dit non. aujourd'hui, elle se souvient encore des mains qui caressaient sa peau douce.