VERT EMERAUDE (ANTIGONE)

sur le vieux muret qui surplombait la place encastrée entre les maisons, il y avait de la mousse, et quand on passait la main dessus, c'était doux et agréable. on avait envie de continuer, de s'allonger sur un lit de mousse, une immensité voluptueuse dans laquelle on aimait se perdre. la pierre était polie, quand on s'asseyait on ne se faisait pas mal. et puis, oui, en contrebas, la place au sol clair, aux artistes de rue. ce jour là, personne ne faisait rire personne, elle était vide, et ils n'étaient que deux, sur le muret, à regarder les toits de francfort. qui pourrait dire pourquoi ils étaient là, mystère. qui pourrait dire pourquoi ils ne parlaient pas, personne. ils regardaient juste avec leurs yeux, sentaient avec leurs narines et souriaient avec leurs lèvres. un peu perdus, un peu gentils, un peu niais.
ce fut lui qui brisa le silence.
cette nuit, j'ai rêvé que nous nous aimions, sous les étoiles. j'ai rêvé que je trouvais aussi le calme qui ne m'avait jamais habité.

il fait un de ces temps étranges où la nuit et le jour semblent se confondre; comme si le soleil proposait une danse à la lune. et le ciel à cette couleur indescriptible qui a inspiré tant de poètes et de peintres.
antigone elle pense à tout ça puis, elle sourit :
elle aimerai bien être peintre, poète ou bien soleil mais elle est juste elle; gamine perdue aux fringues trouées.

assise sur ce vieux muret recouvert de mousse, elle regarde devant elle. parfois ça lui fait peur, tout ces toits mais pas aujourd'hui, pas tant qu'elle sent cette légère pression sur son épaule. ça la fait sourire; aussi.
puis elle se demande ce qu'il se passe dans sa tête; à cìan. comme s'il l'avait entendu, il brise le silence.
ça voix, à mi - chemin entre l'homme et l'enfant sonne comme une poésie à ses oreilles et elle rougit, sans trop savoir pourquoi.

c'était comment ?

cìan c'est le peintre, le poète et le soleil. antigone elle se contente de l'écouter comme on le faisait avec socrate : en oubliant tout ce qu'on l'on sait du monde pour mieux le connaître.

lorsqu'il tourna la tête, ce n'était plus la petite fille innocente des jours anciens mais la jeune femme changée qui le regardait. elle avait le rouge aux joues et lui aussi, car il aimait la regarder. il balançait sa jambe dans le vide et s'appuyait sur l'autre, et, timidement, il lui répondit.
de nous aimer ? ou le calme ?
brutalement, il eut peur du vide en dessous. s'il tombait ? est-ce gone le rattraperait ? il se pencha et regarda. c'était haut. mais il n'avait pas le vertige. s'il avait pu, il aurait prit la main d'antigone, mais il n'avait pas le droit. il la regarda dans les yeux, encore une fois.
les deux, c'était magique, parce que je n'avais jamais aimé et jamais été pris d'un étonnant calme, comme cela.
il aimerait lui en parler encore plus, toujours, longtemps, à rester sous les étoiles. un petit vent frais vint caresser leurs peaux. cian eut la chair de poule. dans son rêve il avait aimé gone, mais dans la réalité, c'était tout autre chose. il était troublé, et il ne savait pas comment l'expliquer à son amie.
j'ai peur, et j'ai froid, gone.
est-ce qu'elle lui avait parlé ? est-ce qu'il l'avait écoutée ? il ne se souvenait plus, et il regarda le rose de ses joues disparaître à cause de la pénombre.