le cœur en tambour, battements irréguliers à m'en arracher la cage thoracique. mes pensées s'entrechoquent et mes paupières vibrent. la gorge brûlée par l'alcool amer, la peau meurtrie par les vents mauvais. marcher, s'accrocher aux murs, faire taire le brouhaha incessant de leurs murmures répétitifs. si je m'arrête, je m'écroule. je ne distingue plus les hommes des ombres, les vérités de mes folies. tout s’entremêle dans un dernier corps-à-corps, le noir, le rouge, les belles notes et les faux accords. à l'arrière de mon crâne, un violon semble rire de ma mort. il sanglote tout doucement, larmes acides et cri perçant. ses cordes me fissurent le cœur et laisse gésir sur ma peau des mélodies sinistres, infinies. c'est la lente agonie de ma lucidité, et dans ma tête comme au dehors, il me semble que les rires, les voix s’amplifient. s'amplifient jusqu'à en devenir des hurlements, des cris. mon corps tout entier tremble et vacille, sous le poids des paroles aux lettres forgées dans du béton armé. mes oreilles sifflent, mes yeux se floutent, mon souffle est court ; si je m'arrête, je m'écroule.
ta voix me parvient soudain comme un lointain écho, j'arrive à percevoir tes yeux au travers du néant. ils brillent de mille feux. peut-être est-ce le ciel, qui danse devant mes prunelles ? peut-être que ta voix n'est que le fruit rance de ma pensée ? et pourtant, ta main se pose sur mon épaule et je sens ton souffle, qui valse sur ma peau. je sens posé sur moi ton regard chaud. mon âme s'enflamme, mon corps de morte-vivante reprend vie. le sang frappe ma peau, pulse dans mes veines. soulève mon cœur.