salope(rie)s /safaa

   
les talons qui aiguillent et les tétons qui pointent.

tout commence avec un message. avec une proposition. à laquelle tu n'attends pas de réponse. ce sera comme ça, elle n'aura pas le choix. parce que tu te prépares déjà. parce que c'est tout un programme qui vous attend, toi et safaa. c'est grâce à toi. à tes contacts. tu fréquentes ce gars, ce gosse de riche qui cherche les sensations fortes, qui explore sa jeunesse, qui veut profiter. ce soir il te sort, mais la condition c'était une occupation pour son frère. ramène une copine qu'il a dit. ça pouvait que être safaa, c'était droit. la seule qui passe. la seule que tu supportes à peu près. au fond tu l'aimes bien. tu rigoles bien même si ça avait mal commencé. mais le passé c'est le passé. il est derrière vous. enterré sous des grammes de c. aujourd'hui vous avez ce nouveau rythme un peu bancale d'une amitié particulière. ce n'est pas l'amour fou et la complicité. c'est du rire, des larmes, et des vacheries. ça vous amuse. ça fonctionne comme ça, et c'est très bien. tu ne veux pas plus, pas moins. t'as pas dû trop la convaincre pour qu'elle se bouge. c'est toujours comme ça. madame joue les raisonnables, et tu arrives, tu niques tout. tu l'entraînes dans tes plans foireux. mais ce soir c'est autre chose encore. c'est bien plus grand. bien plus époustouflant. il fallait s'habiller pour faire bander les morts. la classe. le sexe qu'il fallait transmettre. rendez-vous devant le foyer tu l'attends. sur tes jimmy mirroir. dans ton taille haute qui fait bomber la croupe. avec ta peau de bête blanche comme coco sur les épaules,gucci et l'incontournable, le chanel. du kylie sur les lèvres. du noir sur les yeux. de la poudre et un half bun dans les cheveux. mado tu es à croquer. tu es bandante à souhait. deux trois photos instagram. deux trois snapschat pour galvaniser les fans. tu ne sais pas ce qu'elle fou. mais qu'elle se magne le cul, ils passent vous prendre bientôt. et pas question de se faire embarquer dans la aston devant le foyer. tu appelles safaa mais elle répond pas. deux fois ça sonne dans le vide. "mais elle est sérieuse putain." t'insultes par message. et t'en reçois un de matt : "on est là".

Elle n’avait rien de prévu pour la soirée, Safaa. Affalée sur son lit, elle a passé tout l’après-midi à passer d’applis en applis sur son téléphone. Instagram, Tumbr, Snapchat, en boucle. Elle a dormi, un peu. Et puis elle a recommencé.
Elle est censée chercher activement un job, Safaa. Mais la flemme, flemme de tout.
Et puis, y’a ce message de Mado, l’absence de marque d’interrogation dans son message la fait sourire. Elle réfléchit, comme si elle avait une quelconque raison de refuser. Même si en vrai, les sorties, tout ça, ça fait un moment qu’elle a mis le holà dessus.
Mais elle curieuse, cette soirée serait apparemment différente. Elle ne sait pas trop en quoi, la chilienne est reste vague, bien qu’elle ait insisté sur le dress code; ETRE AU MAX.
Safaa n’a pas tellement de moyens mais, elle se débrouille niveau vestimentaire, et puis, elle a cette allure qui rend une tenue merdique potable, transforme une tenue potable en un outfit qui en envoie. L’allure qui fait que.
Elle se douche, se pomponne, et vient le moment qu’elle redoute à chaque fois. Se lisser les cheveux devrait relever d’un sport national, vraiment. Le fer est chauffé au max, et il vient agresser ses boucles, les forçant donc à s’aplatir.
La trap en fond sonore, elle se laisse emporter au rythme de la musique, elle en oublie l’heure, elle prend son temps pour se maquiller. Son smokey est parfait, comme quoi les heures passées à regarder des tutos et autres conneries n’auront pas servi à rien.
Ses lèvres sont rouges et mat, elle ne respecte pas la règle qui dit qu’on doit choisir entre maquiller la bouche ou les yeux, vraiment rien à foutre.
Elle enfile sa robe pull en un v profond, et se perche sur ses cuissardes en faux suede noires qui ne font pas moins de onze centimètres. Et puis enfin, elle se décide à regarder l’heure, elle grimace, et son téléphone sonne. Deux fois. Pas le temps de regarder qui c’est, elle enfile son perfecto, jette un dernier coup d’oeil à sa manucure, attrape sa pochette et claque la porte de sa chambre. On la matte, on l’appelle dans les couloirs du foyers, mais elle fait la sourde oreille, sourire en coin. Elle l’aperçoit de loin, Mado, comme un mirage. Elle avance à sa a hauteur. - Je savais pas que tu pouvais être fraîche comme ça toi. 
Elle la reluque de haut en bas, elle doit avouer que c’est un missile. Oui, elle est en retard mais on s'en fout, elle ne s'excusera pas de toutes façons.
- Alors, c’est quoi le plan?