et il y a la nuit qui tombe. le jour qui s'envole. ça devient noir, sombre et silencieux. ou presque. parce qu'au foyer, on entend toujours des rires, des cris. quelqu'un qui vit. mais heidi, elle reste passive. assise, observatrice. les yeux dans le vide, perdue dans ses pensées. et le monde tourne. devant elle. comme un astre qui attend. qui attend jusqu'à ce que les bruits s'éloignent, qu'elle décide de ne pas sortir ce soir. elle n'avait pas le cœur à faire de rave, à sortir. ni à s'amuser avec tous les autres. y'avait des soirs comme ça. c'était pas si grave. ni terrible, ni fou. besoin d'un peu de temps, d'un truc différent. peut-être d'elle. de ce mystère permanent qu'est sora. parce qu'aujourd'hui, heidi ne l'a pas vue. non, elle n'a pas pu assister à une scène dans laquelle la tigresse les menacerait tous. et pas non plus à elle qui reste là, à la détailler. ses expressions, son regard. à tout scruter en ne cherchant pas à s'impliquer. parce qu'au foyer, parfois c'est mieux de faire profil bas. heidi le fantôme, elle est comme ça. c'est une particule dans l'air, elle vole parmi les autres. le groupe s'en va, laissant heidi dans le salon. vide, désert. la nuit est tombée, les corps aussi. las, sur les lits. mais heidi, elle est restée là. dans ce fauteuil, à observer l'extérieur. les feuilles des arbres qui bougent à cause du vent. le reflet de la lune. puis au final, elle s'est levée. peut-être qu'il y a une vision plus belle que les étoiles. une comète. sora. et elle n'était pas là. heidi se lève, monte les escaliers en direction de sa chambre. elle se jette dans le couloir, d'un pas rapide au début puis mollasson pour finir. surtout parce qu'elle entend le sol qui craque. 'c'est toi ?' demande t-elle, sans se retourner. parce qu'au fond, c'est une étoile aveuglante. et surtout qu'heidi a un espoir. elle ne veut pas voir quelqu'un d'autre qu'elle. ce couloir, il a vu des choses entre elles. des regards. un frôlement dangereux. et heidi voudrait que ça arrive à nouveau. parce qu'elle l'intrigue. la rend curieuse, vivante, un peu moins fantôme. heidi se sent moins invisible sous sa coupe. avec ses mots, ses gestes, sora la fait vivre. elle fait plus que respirer. alors même si elle brûle, est dangereuse la rétine s'y habitue. alors heidi se lance, fait volte-face à cette ombre, cette silhouette hypnotique.
Accueil 
